20 novembre 2009

LE POIDS DES PHOTOS

Si Paris Match devait réécrire aujourd'hui la phrase qui les a rendu célèbre 'le poids des mots, le choc des photos', les choses seraient-elles les mêmes ? A quel moment avons-nous glissé dans une société où l'image a plus de sens que les propos ? Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire le laïus entendu mille fois sur la présence - omniprésence de la publicité dans notre environnement, ce n'est pas mon propos. Ce qui est intéressant, c'est la manière dont les personnes lamba, vous et moi, utilisent l'image tous les jours afin de communiquer ce qu'ils pensent.

Un message groupé où des gens répondent en citant des paroles de films ou de pubs, plus qu'en répondant à vos questions. Une discussion sur un chat et quelqu'un vous envoie un lien, plus que de vous parler. Les 140 caractères de twitter : combien d'url vers une image pour quelques mots échangés ?
Des blogs privilégient l'angle de l'image à celui des mots, comme littleornowords par exemple. A l'origine, le blog était un journal intime en ligne, on sait l'évolution qu'il a connu depuis, vers un média à part entière. Et pourtant, ceux qui ne regroupent que de l'image sont une nouvelle sorte de carnet de voyages. Pas de lien entre elles, pas de chronologies, les images s'enchaînent, entre envie, attirance formelle, coup de coeur ou pensée passagère. Quelque chose de finalement encore plus émotionnel que les mots, mais tout aussi personnel.

Internet a rendu si accessible les images et nous permet de récupérer en un clic celles d'un film culte ou celles d'une paire d'escarpins que l'on aimerait acheter, à l'autre bout du monde. Comme si nos esprits devenaient quelque part le moteur de recherche d'un gettyimages, en plus sensitif - quelle image va réussir à exprimer dans le même temps mélancolie + relation amoureuse + envie de voyage ?

Quand j'avais des cours de sémiologie, on m'apprenait le sens caché des images. On démontrait comment une publicité Dior pour un parfum pouvait communiquer 'Tu es un homme violent avec ta femme, tu devrais lui acheter ce parfum', alors que l'on ne voyait qu'une fille bouclée dans les rues de Paris. Que l'on aille si loin ou non, on ne peut nier que les images ont une fonction symbolique importante. Entre interprétation, subjectivité et sens caché, nous utilisons les images pour tout dire mais en maitrisons nous réellement le sens ?


Afin de ne pas interférer dans le discours, je ne joindrai pas de photos à ce post.
thanks to : UglySmile

13 novembre 2009

APPLE X PARIS

Je sors du Apple Store. Un peu décue, pas assez grand, pas assez flamboyant, pas assez de lumières. Des experts qui n'ont pas l'air assez experts. Une caisse étrange composée d'une table et de 3 pauvres power books. Apple qui joue normalement la carte de la grandiloquence fait dans le petit pour son premier store en France. Mais propose une autre version différente de la marque. Dans un pays pas spécialement accro aux nouvelles technologies, la marque met en avant son côté didactique : quasimment pas de shows de nouveaux appareils, on cède la place à de multiples ateliers. Le mot d'ordre ? L'initiation. Minitables et petits Macs pour enfants, ateliers de formation, de perfectionnement, genius bar pris d'assaut, il semble que plus que de démontrer sa puissance, la marque semble vouloir toucher les français non encore raliés à la marque, faire ressortir son accessibilité et se rendre plus populaire. Une décision assez dans l'air du temps si l'on regarde la nouvelle campagne de son principal concurrent pour le lancement de Windows 7 et son slogan, 'Windows 7, c'est moi'. Apple joue alors aussi la carte de la marque sympa, comme d'habitude, mais en remet une couche sur l'accessible.

La localisation témoigne aussi de cela. D'abord pressenti pour s'installer dans l'impressionnant 'Dock en Seine', le bâtiment conçu par le duo d'architectes Jakob et Macfarlane, Apple a abandonné le projet, non seulement à cause du retard pris par cette construction, mais sans doute aussi pour sa localisation. Intégrer le futur lieu fort du design à Paris, ok. Se retrouver dans un lieu sans accès, perdu, non. On privilégie donc le centre de Paris avec une adresse au coeur du premier arrondissement qui a laissé les parisiens sceptiques. En effet, pourquoi Apple a choisi de s'installer dans la galerie commerciale la plus ringarde de la capitale ?

Réponse 1 : Un Apple Store est un lieu de shopping destination. On y va pour y aller, on ne tombe pas dessus par hasard, au détour d'une promenade. Donc même là, on s'y rendra. Et si on laisse l'imagination s'envoler. Implantation d'Apple = attirance pour de nouvelles marques = possible rénovation du parc commercial du Carrousel du Louvre.

Réponse 2 : La preuve par l'image.

L'Apple Store de la 5ème avenue à New York



Le Apple Store de Paris


N'y aura t'il jamais un touriste pour croire que cette pyramide de verre, là, au milieu du Louvre, c'est la façade du Apple Store et pas un monument architectural ? Je ne parierai pas. Bien joué Apple.

6 novembre 2009

LES FILLES DE CET AGE

J'ai croisé quelques filles, en sortant de chez moi, le week-end dernier. On est samedi après-midi, on a 15 ans, et on retrouve nos copines pour une virée de shopping jusqu'à 18H. Jusque là, tout va bien, rien de bien différent de ce que je faisais quand j'avais leur âge. Si ce n'est, leur look...Que les codes évoluent, évidemment, la question n'est pas là, les tendances influant leur époque, je comprends bien que nos partis-pris stylistiques divergent - que les miens aient disparus a fait plus de bien que de mal à la mode de toutes façons. Non, ce qui me surprend, c'est le classicisme des choses : foulard esprit Hermès, bottines esprit Isabel Marant, veste noire sobre lointainement Balmainisante, sac Longchamp. C'est joli, c'est bien choisi, mais ce n'est ni plus ni moins que ce que porte leur grande soeur ou leur mère. Pas de rébellion, pas de volonté de démarcation, pas de détournement.



J'ai acheté un livre l'autre jour, le dictionnaire du look - je vous prie de vous arrêter une seconde sur le nom si bien choisi. Il ressemble à une version ratée de 'Streetstyles', le livre de Ted Polhemus sorti à l'occasion d'une exposition à Londres dans les 90's consacrée aux différents socio-styles (j'aurais dit 'tribus', y'a quelques années, mais même les mots se démodent alors...). Il dressait le portrait de différents groupes identitaires, souvent fondés autour de la musique : Mod's, Skinheads, Rockers... en s'arrêtant non seulement sur leur look, mais surtout sur leurs fondements et leurs valeurs partagées. Le dictionnaire du look propose lui de dresser un état des lieux des nouvelles identités : Fluokids, Emo, Electro rock...en décryptant leurs idées de manière caricaturale et en portant en plus un jugement de valeur. (J'ai une passion pour les gens qui prennent de haut tout ce qui a trait à la mode mais qui prennent quand même la peine d'écrire un livre dessus).

Tout ça pour dire que ce livre dresse le portrait de tout ce qui existe mais oublie finalement l'essentiel, ces jeunes filles sans rebellion, qui lisent le même Elle que leur grande soeur, qui suivent la mode sans faire d'excès, qui connaissent déjà les codes et les bons mélanges. Un ami me raconte qu'il se fait aborder par deux filles de 12/13 ans, dans la rue, la semaine dernière. Leur question ? 'Tu sais où est le Marc Jacobs?'.J'ai l'impression qu'il s'agit d'une vraie différence de fond avec mon époque. Tout le monde n'était pas à la mode, loin de là, mais si on m'avait dit que je m'habillais comme ma mère à 14 ans, je l'aurai mal pris. Les vêtements permettaient de se démarquer, de s'affirmer. Les 'tendances' n'étaient pas les mêmes pour les ados et les adultes. Et les filles les plus cools du collège avaient le look de leur âge, certainement pas celui d'une minette de 25 ans qui entre dans la vie professionnelle. 

 Peut-on construire son identité vestimentaire sans fausse note, dans la copie très qualibrée? Chacun de ceux de ma génération ont des souvenirs précis de leur plus violent parti-pris stylistique. Je ne saurais pas comment m'habiller si je n'avais pas eu tant de fautes de goûts. Mes looks sont comme des souvenirs, des marqueurs dans mon histoire, il s'en est passé des trucs entre mes cheveux noirs et mon blond actuel, tout un tas d'étapes. Je ressemblerai à quoi si je ne les avait pas eu ?

24 septembre 2009

LES FILLES AIMERONT LES GARÇONS QUI FONT DE LA TROTTINETTE.

Le fixed gear, j'avais souvent eu envie d'en parler. Et puis, trop tard. Je ne comptais de toutes façons pas disserter sur le sport, mes connaissances en la matière se résumant à ce qu'à peu près tout le monde sait, soit les 4 principes : vélo de piste - rétropédallage - coursiers new yorkais et polo, that's it. Ce qui m'intéressait, c'était à la fois son pouvoir fédérateur mais aussi son engouement soudain, son idée de sport à la mode.




Comme pour le skate-board et toutes les déclinaisons de sports de glisse, ce sont leurs racines subversives qui attirent d'abord ceux qui les pratiquent. Issus du détournement, du bricolage, on emprunte les codes d'un sport, les équipements d'un autre, on change les supports et on mélange les règles. Un patchwork d'idées et de lois, ces activités ne donnent pas l'impression d'avoir été rédigées par des fédérations ampoulées, elles évoluent. Et ceux qui les pratiquent participent quelque part à en éditer les premières règles, posent les premières idées, les bases sur lesquels ces sports se construiront.

A toute époque, on a eu nos sports cools. Je me rappelle quand sortir avec un surfeur constituait une fin en soit.  A Londres, il y a deux ans, c'était la même chose avec le fixed gear, les filles un peu plus jeunes que moi n'envisageaient pas de sortir avec un mec qui n'aurait pas fait de vélo... Parce que, qui dit sport cool dit, garçon qui pratiquent + filles qui font semblant de pratiquer pour intéresser les garçons en achetant tout l'équipement mais qui n'en font jamais. Désolée, loin de moi l'idée de considérer les filles comme des greluches-groupies, mais en toute bonne foi, je vais avoir du mal à dire que les filles et les garcons sont égaux face aux sports à la mode....


La génération suivante a aussi ses codes. La semaine dernière j'étais à une brocante en banlieue, et il y avait un vieux skate park dans un coin - mes histoires de surfeurs à 15 ans + le récit de mon week-end, ce post prend une tournure beaucoup trop 'hier-j'ai-mangé-du-chocolat-c'était-sympa' à mon goût, mais tant pis... Il était pris d'assaut par des enfants de 10 ans, tous sur une trotinette. Pour moi, la trottinette restait l'objet ultime qui avait eu son petit sursaut d'intérêt il y a quelques années et qui était désormais l'accessoire des banquiers ennuyeux mais-regarde-je-suis-fun-je-fais-de-la-trotinette. Apparemment, j'étais à côté de la plaque.



Pour cette nouvelle génération, la trotinette semblait être le skate de la mienne. Esprit de groupes, rassemblement, skate parks entre potes (toujours pas de filles sur les rampes, navrée), rien n'avait changé.  Figures différentes mais même esprit. A la manière d'une profane, j'ai été demandé à un des garçons si ce sport portait un nom : trottinette. Basiquement.
Ce sport n'est sûrement pas nouveau mais combien de temps ceux avant lui ont mis pour émerger ? Au-delà de la presse spécialisée, personne n'en a parlé, pas d'articles, pas de photos... Alors que les magazines décryptent seulement l'engouement pour le vélo, des petits garçons dans les rues sont déjà passés à autre chose et érigent les bases d'un autre sport.

J'ai fait une petite enquête sur youtube (excellent outil d'études statistiques)
la vidéo de skate la plus vue : 13.604.267 vues
la vidéo de fixed la plus vue : 830.806 vues
la vidéo de razor scooter (l'autre nom de trottinette) la plus vue : 87.210 vues

Dix fois moins que le vélo, dont le grand public commence à parler. Wait and See.

31 août 2009

CET HIVER, LA MODE SERA AUX 00's

Le revival 90's...on le sent poindre depuis quelques mois, à petits pas, déjà un peu dans l'air, une paire de Timberland par ici, un jean troué par là... Alors on va être repartis, comme à chaque saison, pour des parutions presse sur 'la mode c'est cyclique' et patati et patata. 
C'est fou comme la mode, comme tous les sujets pas sérieux que certains prendront toujours de haut - 'Tu fais des études dans la Mode ? Tu veux être vendeuse? - ca se prête immanquablement aux phrases toutes faites et aux schémas simplistes. 

La mode, c'est le reflet d'un instant de la société, un marqueur temporel. Quand on regardera des photos de nous petits, qu'est ce qui nous permettra de les dater ? Nos taches de rousseurs ? Notre air innocent ? Non, nos coupes de cheveux, nos mauvais chouchous, nos sneakers et nos looks - ah, quel joli souvenir de cette photo de classe où je trone en caleçon-tee-shirt all-over à cerises- mais aussi les voitures qui nous entoureront et les portables que l'on aura dans la main.
C'est la mode qui figera dans le temps nos souvenirs et notre époque. 

Les mouvements de fond, les socio-styles, les punks ou les mods n'avait de raison d'être que dans la société dans laquelle ils vivaient, leurs revendications n'avaient de légitimité que face au monde dans lequel ils évoluaient.
Crise financière = limites du capitalisme = retour aux valeurs solidaires = hippies. CQFD. Un peu simpliste comme schéma non ? Nos préoccupations n'ont rien à voir, nos armes pour y répondre non plus. Nos inquiétudes, nos rêves, notre passé, nos référents, ne sont pas les mêmes qu'il y a 10, 20 ou 30 ans. Nos looks ne peuvent pas raconter la même chose.

Liberty X Hermès

Alors, biensur, on reprend des codes stylistiques : des robes Liberty, des épaulettes, des boots Doc Marteens ou des parkas, marqueurs forts d'une période. Mais on les réadapte. Toujours. Nécessairement. On retravaille les formes, pour les adapter aux nouveaux goûts On mixe, on croise les genres. On ne confondra jamais une photo de nous portant un look 80's avec celle d'une 'authentique' de l'époque.
Mais surtout, on n'a pas la même démarche en les consommant.
Trouver des Doc Marteens chez Comptoir des Cotonniers, ca change un peu la symbolique. 


Comptoir des Cotonniers / AW 2009-2010

Dire que la mode est cyclique, c'est simplement ne pas parler de mode, mais de tendances stylistiques, de vêtements seulement. Et c'est aussi, sans doute, sous-estimer un peu son importance.

28 juin 2009

BLACKBERRY, TWITTER ET LA VRAIE VIE

Il n'y a rien de pire que le blackberry de son interlocuteur pendant une réunion de travail. A une époque où le rendez-vous en face à face n'intervient qu'en dernier recours, quand on aura épuisé toutes les possibilités de mails et de coups de téléphone, c'est toujours un plaisir de prendre 2h pour un point qui aurait pu être reglé en 15 minutes si la vibration permanente ne coupait pas le fil...

Il y a quelques années, quand on n'imaginait pas qu'un jour on aurait des portables qui nous dirait le nom de la musique qui passe dans la rue, j'avais entendu parler d'un hôtel de luxe où les traders américains partant en vacances se faisaient confisquer leur blackberry, stocké au coffre, pour décrocher. Je trouvais ça amusant, un peu exagéré, ça me dépassait qu'on puisse en arriver là.

Le temps a passé depuis...A chaque diner, toujours une personne le téléphone à la main fait vivre la soirée par procuration aux absents.
Je me suis officiellement mise sur Twitter. J'avais l'étrange impression, depuis quelques temps, que lorsque je répondais 'Je ne suis pas sur Twitter', j'étais un peu l'ado de 14 ans qui aurait dit 'Non, je n'ai pas msn'.
Maintenant, je peux savoir que les gens à côté de moi, ceux qui ne me parlent pas, postent au reste du monde qu'ils passent une excellente soirée.

Je ne sais pas quoi penser du phénomène...Une envie passéiste passagère me ferait pencher pour un 'on passe notre temps à se parler en virtuel mais ce ne sont pas des liens réels' et j'observerai avec un peu de regret cette nouvelle génération... Ils ne connaitront pas les coups de fils aux copains pour essayer de retrouver un garçon qu'ils ont vaguement aperçu à une fête ('je chercherai sur facebook'), il n'enverront pas de lettres d'amour ('pourquoi je perdrais deux jours et je paierai un timbre ?'), ne pourront pas se dire 'je coupe les ponts' puisqu'ils pourront savoir ce que fait en temps et en heure ceux qu'ils ne veulent plus voir.
Pardon pour les plus jeunes, je vous parle d'un temps, que ceux qui n'ont pas connu le bip du modem qui se connecte, ne peuvent pas connaitre.

Et puis finalement, je me reprends. Je ne suis pas aussi sure que je l'aurai cru du méfait des nouveaux médias sur les relations. J'ai eu des coups de coeur sur des chats, dragué sur msn et quitté par texto. Je n'ai pas eu l'impression que tout ça était moins vrai, que les sentiments et les liens qui me liaient à ces gens, à ces moments, n'était pas aussi intéressants que ceux que j'ai vécu en face. S'il semble qu'il existe encore une hiérarchisation de l'importance que l'on donne au message selon le support utilisé (dans l'ordre : en face à face / lettre / téléphone / mail / texto / facebook / ichat / twitter), jusqu'à quand ? Ceux qui n'ont jamais écrit une lettre n'accorderont jamais plus de crédits à celle-ci qu'un mail bien tourné. Et combien de mots jamais envoyés par la poste alors que s'il avait fallu juste appuyer sur un bouton, ca n'aurait pas été pareil? La multiplication des médiums n'a pas changé la véracité des moments, elle en a juste changé les règles. Et quand bien même ce serait le cas, on n'a déjà plus vraiment le choix.

Tant pis, s'il faut choisir, je crois que je préfère des gens qui disent à tout le monde qu'ils passent un joli moment, même s'ils ne me le disent pas qu'à moi, que ceux qui ne me le diront jamais.




26 mai 2009

COFFEE TABLE BOOKS

Vous connaissez ce nom? Ce sont ces jolis livres, qu'on laisse nonchalamment trainer sur la table basse du salon, ni trop rangés ni trop déclassés, censés supposer aux amis qui pénètrent chez nous qu'on est toujours en train de feuilleter une rétrospective d'un artiste inconnu quand on traine chez soi. Ça vous rappelle quelqu'un ? Moi aussi.

Le coffee table book, c'est l'anti-Twilight, Harry Potter et consort, l'anti-livre qu'on a aimé et qu'on ne montre jamais. (Twilight, pour les garçons qui n'ont pas de copines et ne voient donc pas la face cachée de l'iceberg, ça mérite une parenthèse: Histoire d'amour de vampires destinée aux adolescentes midinettes de 15 ans, il a été lu ou vu par la moitié des filles qui vous entourent. Par contre, n'essayez pas de leur en parlez, elles nieront.)

A l'opposé, le Coffee Table Book, on adore l'acheter et le revendiquer mais on a plus de mal à le feuilleter. Il nous fait rêver chez le libraire, on a déjà envie de le dévorer et puis finalement, il ne s'avère pas pratique, pas adapté et on y prend moins de plaisir qu'on ne l'aurait imaginé.

Mais au-delà de ce qu'il conte, c'est ce qu'il signifie qui compte. Le Coffee Table Book, c'est un élément clé du style de vie, chargé de signification et de messages, comme le téléphone portable des années 90/2000. Plus que ce que l'on est, il est souvent le reflet de ce que l'on voudrait être. Loin d'une culture populaire, il est le reflet un élitisme certain. De leur rareté dépend leur valeur : faire de soi un initié.

Comment reconnaitre un bon coffee table book ? Si AD dresse ce mois-ci sa propre sélection, quelques règles sont à respecter :

> Le Coffee Table Book est pointu. S'il s'agit de revendiquer ce que l'on aimerait être, autant en rajouter dans l'élitisme. Comme on souhaiterait connaitre tous les artistes qui montent, passer son temps dans des vernissages et à des concerts parfois incompatibles avec une vie bien remplie, le livre peut au moins 'donner l'illusion que'.

> Le Coffee Table Book est plein d'images. Biensûr, il finira par être lu - enfin approfondi car il a déjà été lu chez le libraire avant d'être acheté - mais il sera surtout regardé. Regardé par tous les invités qui combleront ainsi un moment d'ennui pendant un diner et qui feuilletteront les pages avec un air absorbé. Il doit, de fait, donner l'impression d'être passionnant et intelligent en quelques secondes, pour démontrer immédiatement notre bon goût.

> Le Coffee Table Book est étranger. Souvent anglais, quand ce n'est pas japonais ou suedois, peu importe la langue d'un livre qu'on ne lit pas. 2 raisons à cela, étroitement liées aux deux premiers points : soit on ne regarde que les images et dans ce cas, pas besoin de textes ; soit on cherche un ouvrage pointu, et celui-ci n'a pas toujours (jamais ?) été traduit.




> Le Coffee Table Book est rare. Récent ou ancien, la difficulté à le trouver témoigne d'une capacité à chercher (librairies d'initiés ?) ou, dans le cas d'une série limitée, à être au courant avant les autres. Mieux que la dernière paire de baskets annoncées sur la MJC.





> Le Coffee Table Book est sujet à polémique. Un peu de cul, un peu de trash, un peu d'impertinence, il faut aussi parfois qu'il choque ou qu'il surprenne. Qui a envie de passer pour le coincé de service? Un mec nu en couverture et hop, sauvés !



Comme n'importe quel produit de mode, trouver le bon 'It book', c'est placer le baromètre entre deux envies : distinction & imitation. Imitation de son groupe auquel on emprunte les codes, distinction en tentant de se montrer 'mieux que lui' en trouvant toujours plus pointu, plus étrange, plus rare. Un élément de son style qui n'a pas besoin qu'on l'ait lu pour être révélateur de notre personnalité : mélange de notre culture idéale et de goûts propres.

J'étais invitée un jour chez un grand monsieur de la mode. Entre meubles de designers et photos incroyables tronait un ouvrage sur Mario Testino dédicacé et jamais vu ailleurs. On a les Coffee Table Books qu'on peut.
Dis moi ce que tu fais semblant de lire, je te dirais qui tu es.

15 mai 2009

DE L'INCOHÉRENCE DES MARQUES

Il y a des marques qui vous restent. Des marques avec lesquelles on a une histoire, un morceau de vie. Un jour, j'avais du me soumettre à cet exercice : choisir une marque et écrire pourquoi je l'aimais. On commence et on se rend vite compte que les premières qui nous viennent, ce ne sont pas pour leurs produits mais pour l'histoire qu'elles nous racontent, ce qu'elles représentent à nos yeux, la façon dont elles nous permettent de nous identifier à un groupe auquel on n'appartient pas nécessairement et l'histoire personnelle que l'on a avec elles.
Je me rappelle que celle que j'avais décrite, je l'avais choisie parce qu'elle me rappelait une période cool de ma vie.

Petit Bateau a une histoire avec celles qui la portent. Si elle me rappelle les filles du collège et leurs 'tu portes du 12 ans ou du 14 ans? HIHIHI', je n'ai pas de liens particuliers avec elle. Mais je ne peux pas m'empêcher de constater qu'elle bénéficie d'une certaine sympathie, mélange de traditions et de souvenirs de petites filles.

Et puis, j'ai trouvé qu'elle proposait quelque chose de nouveau. Ca a commencé par les photos avec les mecs de MGMT. Audacieux- ou inconscient? - de prendre un groupe dont le tube dit 'I'll move to Paris, shoot some heroin, and fuck with the stars. You man the island and the cocaine and the elegant cars' pour illustrer la marque des enfants, des filles-enfants et des mamans. Encore plus intelligent de ne pas le signifier pas un 'WOUWOU, regardez qui on a pris' sur la photo mais de laisser le buzz agir. Et puis là, la collaboration avec Kitsuné. J'ignore si l'idée vient d'un bureau de consulting ou a germé en interne mais elle est vraiment bonne. Une cohérence parfaite qui apporte du pointu à Petit Bateau et qui popularise Kitsuné, pas mal. Avec l'ouverture d'une boutique spécialement dédiée à l'adulte, je me disais véritablement que Petit Bateau amorçait un tournant intéressant.

MGMT pour Petit Bateau

Je passe à côté d'une boutique hier, intriguée. Entrée, je déchante un peu : quelques cotons plus légers mais toujours des débardeurs moulants dos nageur et autres, pas de quoi fantasmer. Je demande à la vendeuse où se trouvent les tee-shirts issus de la collaboration avec Kitsuné, imaginant déjà qu'il n'en reste plus un seul, pris d'assaut par des hordes de modeux et là, la réponse : 'On les expose pas, ils sont derrière, vous voulez voir lequel?'. Blague. Ils s'offrent un partenariat avec une excellente marque qui leur a valu plus d'encarts presse que tout ce qu'ils avaient fait ces dernières années et ils la rangent dans le placard du fond.

Kitsuné pour Petit Bateau

C'est le grand drame des marques, toujours vouloir faire plus pointu et plus jeune, alors qu'il existe un marché considérable pour les pas pointus et les pas jeunes. Mais s'ils veulent en faire, cela doit être cohérent à toutes les étapes, du plus amont au magasin. Moi qui n'avait jamais eu une idée très précise de l'importance du retail, je l'ai vu là de façon flagrante. Faites ce que vous voulez, si le magasin ne suit pas, cela ne sert à rien. A retenir.

2 mai 2009

LE SLIM EST A LA MODE

Les londoniens ont un look. Particulier, pointu, audacieux, qui vaut à la ville une réputation spéciale, ni volée, ni exagérée. La mode à Londres se diffuse comme une trainée de poudre.
A chaque voyage, la même conclusion. Les tendances sont adoptées rapidement, mais surtout, massivement. Dès qu'un nouveau mouvement voit le jour, les modeux se l'approprient tous, tout de suite. Loin d'un consensus mou et d'une diffusion en cascade tranquille.

La radicalité des mouvements peut donner de l'extérieur l'impression qu'ils sont anecdotiques. La presse internationale s'est amusée pendant des mois des looks d'Agyness Deyn, mettant en avant son style TELLEMENT personnel, alors qu'il s'agit de celui de toutes les minettes de Shoreditch, ni plus, ni moins. Il était plus compréhensible pour certains de le faire passer pour un déguisement plutôt que de se rendre compte qu'il s'agissait de la tenue de tous les jours de centaines de londoniennes.


Pour les adeptes du savant mélange de fripes et d'extravagance, Londres a toujours fait figure de précurseur, initiateur de nouveau looks.
Du moins, c'est l'impression que j'avais, jusqu'à la semaine dernière.

Assise dans London Field, le parc qui longe le bobo-branché Broadway Market, je regardais les groupes de jeunes assis autour de moi. Le mélange pas très hétéroclite de ce repère de londonniens faisant un break entre la sortie de la veille et le prochaine after se révela un poste d'observation idéal.
Et là, pas de surprises, pas de nouveautés, pas de nouveaux looks. Les filles portent toujours des slims (donc un étrange legging sur lequel sont dessinées des coutures pour faire croire à un jean ultra-moulant), les tops sont rétros et les accessoires pour cheveux pullulent. Ca rappelait simplement un croisement entre Amy Winehouse & Agyness Denn. Rien de nouveau depuis de nombreux mois.

Toute à ma hate de déclarer que Londres devenait ringard, je me suis tout de même retenue. Face au ralentissement du phénomène des tendances, face au luxe bling-bling qui s'efface devant les marques Hermes-isantes, loin de la fast fashion, loins des hits bags, ces filles habillées comme 1 an auparavant avaient-elles un temps de retard ou un temps d'avance ?

29 avril 2009

LES GARCONS ET LES CHEMISES

Il existe un lien particulier entre les garçons et les chemises. Un lien étrange, quasi mystique. Loin des filles décomplexées qui passent sans sourciller de la micro-jupe au boyfriend jean, il semble que la chemise pour le garçon soit entourée d'un aura particulier, une sorte de respect bienveillant.

Quand ils sont petits, ils les aiment et les détestent à la fois. C'est l'habit du dimanche, celui que la méchante maman les force à mettre pour la communion du cousin pas très sympa, la chemise pas pratique qui serre au poignet, dans laquelle on se sent engoncé, pataud, pas vraiment soi. Mais il y a du respect aussi, de la fierté. C'est l'habit de papa alors on tente d'y faire attention . Pour beaucoup d'enfants de notre génération, la chemise c'est la tenue des pères : plus ou moins formelle, plus ou moins débraillée, plus ou moins colorée, plus ou moins proche d'un polo ou de plus ou moins de bon goût. Il n'empêche, la chemise c'est leur tenue, on a l'impression qu'ils l'ont toujours portée.

Et puis ils grandissent un peu, deviennent ado. La chemise porte en elle une symbolique liée au père, au respect, au pouvoir : ceux qui cherchent à s'en distinguer la dédaignent, ceux qui cherchent à imiter l'adoptent : un substitut de crédibilité. C'est toujours amusant de voir les étudiants en école de commerce pour ça, les jours où ils ont des oraux. Le costume-chemise-cravate devient obligatoire et ils ont l'air gauches, ces garçons déguisés en mini-banquiers dans des vestes trop larges aux épaules, empruntées à leur père ou à leur grand frère. Les seuls qui portent parfaitement la chemise au quotidien dès l'adolescence, ce sont les fils à papa des quartiers huppés. Les preppy boys au sens premier du terme. Pour eux, la chemise est très tôt comme une seconde peau, mais pour la même raison : ressembler à papa. On l'accessoirise d'une montre de luxe et on fume des cigares et hop, on est déjà un peu plus crédible.
Il faut voir le mythe qui entoure la chemise. Par elle, le garçon jeune ou mal à l'aise s'achète une légitimité. En banlieue, les mecs ont l'habitude de ça : pour rentrer en club, pour être 'chic', il n'y a que la chemise comme alternative.

Enfin, un jour, elle arrête de devenir un déguisement. D'abord par une qui s'inscrit comme un complément du look, sans changement trop radical. Une matière agréable, un imprimé à carreaux, un détail amusant : on la met plus souvent, elle perd de son côté exceptionnel pour devenir un objet du quotidien. On ose même la déclinaison classique. Elle ne rappelle plus son père, elle est familière. Et comme elle permet plus de déclinaisons que les classiques tee-shirt et polos, une expression plus personnelle, on finit par l'adopter.


Tiffany Buathier © Felix Larher

L'autre jour, je dinais avec un groupe de garçons. J'en connaissais certains depuis assez longtemps pour les avoir vu porter en permanence des variantes du tee-shirt. Tous avaient une personnalité suffisamment affirmée pour pouvoir assumer sans problème un parti-pris stylistique personnel. Et bien non, la chemise classique se déclinait ici aussi du bleu jean au bleu clair. Pas un n'a dérogé à la règle.

On se dit que c'est la mode qui veut ça, on le met sur le compte d'une tendance aux preppy boys. Surement, mais finalement ça y est, quoi qu'il arrive, quelles que soient les tendances futures, elle fait désormais partie intégrante de leur vestiaire. Comme leur père, il ne sont pas nés avec, ils l'ont adoptée à petits pas.

Et si finalement ils avaient juste fini d'être des garçons ? L'un d'eux m'a dit qu'il s'était fait aborder par un garçon plus jeune, habillé comme lui il y a 1 an et il lui a fait cette remarque : 'Tu t'habilles en adulte maintenant?'.

21 avril 2009

LE GRAND MONDE

Dans les immanquables culturels de l'année 2009 figurait définitivement l'exposition 'Le Grand Monde d'Andy Warhol', actuellement au Grand Palais. On affronte la queue et on y va, attendant de voir.

Ethel Scull

Consacrée aux portraits mythiques réalisés par l'artiste, des centaines de sérigraphies couvrent les murs. Des œuvres que l'on a vu 1000 fois et là ce sont les authentiques...
Je m'attends à être touchée, impressionnée, comme ça avait pu déjà être le cas en voyant pour la 1ère fois une oeuvre aperçue jusqu'à lors seulement en reproduction. Et étonnamment, l'effet n'est pas stupéfiant.
Je me balade, c'est sympa, mais je suis pas bluffée non plus, je ne comprends pas vraiment pourquoi. Jusqu'à une remarque anodine, tournée sous forme de plaisanterie, de celui qui m'accompagne 'Trop vu dans D&CO'. Et je me rends compte que c'est ça en fait qui me gêne : trop vu, au mauvais sens du terme.
On a tellement vu le principe grossièrement repris, dans des toiles pour décorer les salons de Valérie Damidot, déclinant les enfants, le mari et la femme en impression warhol ou dans des mugs et calendriers... Alors biensûr, c'est différent, mais ça gache tout de même l'effet : on a du mal à être encore saisis, surpris.

Finalement, venue pour les sérigraphies, je me retrouve beaucoup plus touchée par les oeuvres moins connues. Une préférence pour les autoportraits en travesti et les photos diverses ou, lorsque pour Ethel Scull ou Debbie Harry par exemple, on décrypte le procédé : de la photo de base à l'oeuvre finale.

Autoportrait

Mais ce qui demeure réellement incroyable, c'est la liste des personnalités représentées. L'exposition porte bien son nom, on voit ici le grand monde qui entourait de près ou de loin Andy Warhol, et tous ces personnages devenues des icônes encore vivantes dans notre culture populaire. Un peu comme si dans 50 ans, vous regardiez un album photo de vos rencontres de vie et qu'il n'y avait que les mythes qui ont marqué l'histoire de votre époque. Vertigineux.

Keith Haring and Juan Dubose / Jean-Michel Basquiat

Finalement, comme souvent, ce qu'on retiendra de Warhol c'est le mythe plus que l'oeuvre, studio 54, Factory, décadences et célébrités. Et alors ? A l'heure où certains artistes font de leur vie leur oeuvre, il aura encore été précurseur.

Et pour enfoncer le clou sur ce dernier adjectif : "Tous mes portraits doivent avoir le même format pour qu’ils tiennent tous ensemble et finissent par former un seul grand tableau intitulé Portrait de la société. Bonne idée, non ? Peut-être que le Metropolitan Museum voudra l’acquérir un jour ". Bien vu.

12 avril 2009

QU'AVEZ VOUS FAIT DE VOS INNOVATIONS ?

Que celui qui ne s'est jamais retrouvé les bras ballants devant ses 3 poubelles avec un pot de yaourt sale dans la main à se demander si ça allait dans 'recyclage' ou 'ordures ménagères' me jette la première pierre.

Je suis un pur produit de la nouvelle génération green et comme beaucoup d'autres, c'est le fait qu'on ait glamourisé l'écolo qui me l'a rendu excitant. Plus élevée au jambon-coquillettes qu'au boulghour-soja, je suis de ceux dont l'éducation écologique et la consommation biologique s'est fait à coups d''Une vérité qui dérange' et de magazines. Dieu sait donc qu'il me reste à apprendre.

C'est bizarre mais depuis que ma conscience s'est eveillée, j'ai l'impression que je suis toujours en attente. En attente qu'on me propose des vraies idées, quotidiennes, pour apporter ma modeste contribution. Alors ok pour les lumières et pour la douche mais à part ça ? Elles sont où les grandes innovations des designers qui inventent des produits qui allieront écologie à une consommation contemporaine et abordable ? On n'a jamais eu tant besoin d'eux mais pour l'instant on piétine un peu autour de l'anecdotique.

Mathieu Lehanneur - Local River

Les prises coupe-veille, les éoliennes à domicile, les voitures sans émissions de CO2 tout ça, ça me fait rêver mais où, quand, combien, comment ça marche ?
L'année dernière, avec quelques amis, nous étions invités à intervenir auprès d'une grande marque d'automobile française sur la voiture de demain. On a parlé innovation et fait de grandes théories sur ce qu'il adviendra... Puis vous entendez au détour d'un couloir 'On fera des voitures vertes quand les consommateurs en demanderont' - Pardon ? Vous n'aviez pas un studio consacré à la prospective déjà ?

Quand on fait un tour dans certaines villes, c'est l'accessibilité et la facilité à avoir une démarche éco-consciente qui bluffe. Que ce soit les poubelles de Berlin qui fonctionnent toujours par 4, les supermarchés Whole Food à New York, et je ne parle pas des pays scandinaves, Paris ne saurait plus où se mettre. Vous avez déjà tenté en France de trouver une poubelle à tri sélectif ? Essayez, c'est assez rigolo.

Poubelle greenrepublic.com, 75 euros - sic

La production et la distribution de produits quotidiens ne suivent pas l'évolution des mentalités. Si rien n'est accessible, si rien ne s'adapte à nos modes de vie, à quoi ca sert ?

Et en relisant le Elle Special Green il me semble qu'il y ait un décalage profond avec la réalité.

Exemples en vrac de ce qui, selon eux, peut faire évoluer les choses
' On relooke les draps en linge vintage avec une teinture végétale'
' On achète des draps en chanvre'
' On fait un coffee-table book avec de belles revues écolo comme 'Le Mook' ou encore 'Canopée'' - mon préféré

Thanks for your help.

9 avril 2009

NOT CHIC BUT CHEAP.

COS qui arrive à Paris, Topshop qui livre en France, Abercrombie & Fitch dont trop de mecs nus empêchent de se focaliser sur les produits et Urban Outfitters qui se révèle chaque fois plus décevant, ce ne sont définitivement plus les chaines qui stimulent l'envie de se rendre à Londres pour une virée shopping. S'il reste néanmoins des boutiques toujours intéressantes, les mastodontes qui faisaient rêver les accros de mode à prix abordables ne sont plus.
Sauf peut-être...Primark.

Si vous ne connaissez pas Primark, c'est l'anti tout ce que vous êtes censés aimer. Ce n'est pas chic, pas conceptuel, plein de monde, avec un merchandising digne d'un supermarché et certains partis-pris produits définitivement ratés. Aïe, ca part mal. Mais, tant mieux pour eux, ce n'est pas que ça.

C'est aussi un des exemples d'une mode à petit prix les plus étonnants.

Plutôt que de copier les grandes marques - suivez mon regard - ils ont choisi de 's'inspirer' du moyen de gamme pour construire leurs collections : Top Shop et American Apparel en tête de liste. Quel intérêt ? Le prix.
SI vous pensez qu'H&M ce n'est pas cher, vous n'avez encore rien vu. En gros, comptez 15 euros pour une veste, 12 pour des escarpins, 6 pour un short ou une jupe et 1,5 pour un tee-shirt. Qui dit mieux ?

Vitrine Primark - Mars 2009

Biensûr, on a beaucoup de choses à redire, entre autres sur le choix plus que douteux des matières.
Biensûr, quelques pièces et accessoires seulement sont intéressants : il est nécessaire de savoir chercher, connaitre le détournement et dans tous les cas, la première visite est, pour tout le monde, très décevante. Mais on est ici plus que jamais dans du vêtement jetable. Au vu du prix pratiqué, savoir si on le mettra ou pas devient accessoire.

Vitrine Primark - Mars 2009

Alors évidemment, cela ne rentre pas dans une morale éco-consciente et tout le beau discours que j'ai fait juste avant sur un vêtement qu'on garde et qui évolue avec nous. Mais tout n'est question que d'équilibrage. Et à voir les files de filles qui remplissent le lieu tous les jours de la semaine, il y en a encore à qui la Fast Fashion parle.

Et en temps de crise, y'a pas à dire, le cardigan 100% cachemire à 30 euros, c'est toujours ça de pris.

4 avril 2009

MODE DE MUSEE

Le Design Museum de Londres présente actuellement une rétrospective du travail d'Hussein Chalayan. 15 années décryptées une par une, avec présentation de l'axe développé pour les collections et explication de la démarche créative en mélangeant les supports : silhouettes, vidéos, installations...

Kinship Journeys (Automne-Hiver 2003)

Est-ce que c'est bien ? Bonne question.

Oui. Car le décyptage révèle une démarche créative intéressante qui a en plus l'intelligence d'être poétique.


One hundred and eleven (Sping-Summer 2007)

Non. Car c'est vraiment sympa l'intellectualisation de la mode, développer de nouveaux concepts et créer des métaphores. C'est vraiment sympa mais c'est juste plus ce dont on a envie.

Airborne (Automne-Hiver 2007)

Envie de voir, pourquoi pas, mais pas de porter.

A noter cependant, une signalétique parfaitement pensée qui facilite l'accès au message. Une lettre agrandie sur chaque mur, un cahier avec chaque lettre, la photographie de l'oeuvre et l'explication. Basique mais efficace.

Airmail Dress (Décembre 1999)

Finalement les collections étaient parfaitement bien où elles étaient, dans un musée, où les différents supports permettaient d'exprimer un message complet et les qualités de plasticien d'Hussein Chalayan. Après, on ne parlait pas de vêtements, d'un objet qui accompagne plus qu'il n'existe seul.
On ne voyait pas de tenues destinées à la vie...
Dommage pour moi, c'est ce qui m'intéresse.

Place to Passage (Octobre 2003)

2 avril 2009

H&M DEUXIEME GENERATION

Il y a un an, COS devait ouvrir en France. Pour une fois, on n'allait pas être le dernier pays d'Europe à voir un nouveau concept s'implanter chez nous. Un lobby du quartier plus tard - ils ne voulaient pas que la rue devienne trop 'commerçante' et perde de son cachet historique (un peu d'ironie nous fera noter qu'après l'Eclaireur, Lee Cooper, Zadig & Voltaire, The Kooples & Co, on n'était pas vraiment à ça près) - la boutique ouvrait enfin il y a 15 jours.

C'est finalement comme si le destin faisait bien les choses. Il y a 1 an, on n'était pas encore en pleine crise économique, Suzy Menkes ne titrait pas ses articles 'Is Fast Fashion going out of Fashion?', et on avait encore envie de jetter nos fringues par la fenêtre tous les 3 mois. Tous ces évènements survenus ont accompagné une volonté de plus en plus forte pour une mode beaucoup moins rapide, à l'envers du mouvement amorcé ces dernières années proposant toujours plus de nouveautés, toujours plus vite, toujours moins cher.
Current/Elliot et son boyfriend jean usé est un carton, et on revient vers des produits que l'on garde, des matières doudou et un vêtement qui nous accompagne. En faisant ma valise pour partir en week-end, je me suis rendue compte qu'elle avait beaucoup en commun avec celle réalisée pour la même destination, 6 mois auparavant. Inimaginable auparavant.

C'est là qu'on en revient à COS. Du basique bien coupé, de jolies matières, une gamme de couleur réussie et une certaine qualité - depuis que j'ai nettoyé un pull en cachemire taché de vernis à ongles au dissolvant et qu'il s'en est remis, je leur fais confiance - c'est finalement tout ce dont on a envie maintenant. Des vêtements où l'on a privilégié le modélisme aux artifices. Même si je dois avouer que la collection homme est plus réussie que celle de la femme.

COS - Rue des Rosiers

H&M - à l'origine de COS - aurait-ils encore tout compris ? On a acheté des tee-shirts à message chez eux quand on avait 15 ans, customisé - et raté surtout- des fringues quand on se prenait pour des wannabee stylistes, acheté nos premières pièces mode, juré qu'on y rentrerait plus jamais ('Beaucoup trop mainstream, je préfère le vintage') et finalement trouvé que c'était un complément intéressant dans la garde-robe. Aujourd'hui , il est encore là.

Comme Creeks, Chipie ou Chevignon, H&M aura définitivement marqué ma génération.

23 mars 2009

CUPCAKE VS MACARON

Il y a quelques petites années, tout le monde voulait des macarons. Ils étaient gentils, jolis et très bons, et on aurait même envisagé d'acheter le livre de Ladurée.
Après un film sur la Reine-mangeuse-de-pâtisserie, des réinterprétations multiples pour les cosmétiques et des séries 'Regardez comment vous pouvez décliner le macaron en culotte, savon ou objet de décoration' dans les magazines, on ne veut plus en voir et presque plus en manger (alors qu'ils sont toujours aussi bon).

Si les phénomènes de mode s'appliquent fréquemment à l'alimentaire, rares sont les produits qui ont connu un succès aussi fulgurant et intensif.

Depuis quelques mois et bien après ses voisins, un petit produit pâtissier s'est installé en France: le cupcake. Lui aussi, il est très gentil, joli et bon. Pour l'instant moins visible, le cupcake pourra t'il faire aussi fort que le macaron ?

LÉGITIMITÉ MODE
En 2004, Vogue US titre un de ses articles sur Pierre Hermé 'The France's Crown Prince of Macaron'. Comme avec une veste, Anna Wintour influence les filles : le macaron devient le nouveau must-have.
En 2000, Carrie Bradshaw (pas la dernière en terme d'influence de mode) grignote quelques cupcakes Magnolia dans Sex and The City. Tout le monde s'extasie 'c'est trop mignon'.

Magnolia Bakery (photo extraite de creationcoeuretpassion.blogspot.com)

LOOK
Le macaron a influencé la mode vestimentaire en matière de gammes de couleurs & vice-versa. On ne compte plus les collections 'Boudoir' en lingerie et les déclinaisons multiples autour du thème Marie-Antoinette-Ladurée. En plein revival 90's, le cupcake avec son look 'Générique de Sauvés par le Gong' bourré de colorants, est définitivement dans l'air du temps.

Magnolia Bakery - New York (Mars 2009)

RARETÉ
Le marketing de la rareté est une des recettes de la mode. Si le macaron a toujours été largement diffusé, ce sont ses déclinaisons aux parfums inhabituels (rose en tête avec l'Ispahan de Pierre Hermé) qui ont attisé son succès. Avec quelques enseignes à peine qui le distribuent, le cupcake doit le sien en partie à son exclusivité. C'est un peu de New York qu'on consomme par lui, à classer avec les bagels et le café-nomade.
A la dernière soirée Nike, les cupcake clandestins s'échangeaient sous le manteau.

DECLINAISONS
Pas de vrai succès sans de multiple réinterprétations. On a goûté aux macarons sur tous les supports, le cupcake emprunte le même chemin, dejà décliné en série limitées (celles de Judith Leiber vendue 4500 $), en accessoires (le sac de Katy Perry aux MTV Europe Music Awards, colliers Emma-Jane & Tan...)...

Sac (Katy Perry)

CONCLUSION
Alors que le cupcake a explosé aux Etats-Unis il y a plusieurs années et que le New York Times consacre au sujet de nombreux articles, la France accuse un retard considérable. Est-il du, encore une fois, à la difficulté de la France en matière de mode et de gastronomie a accepté que la nouveauté puisse venir de l'extérieur ?


Candy Cake - Londres (Juillet 2008)

Peu importe, il semble tout désigné pour s'imposer comme une pâtisserie-produit de mode. Les étapes suivantes seront alors : démocratisation dans les restaurants, reprise par la grande distribution, réinterprétation pour la publicité...

A moins que....De l'avis général, le goût du 'fairy cake', aussi mignon soit-il, n'a rien d'exceptionnel. Et si dans la mode vestimentaire toutes les tendances ont pu s'imposer sans toujours considérer le confort ou la qualité, dans l'alimentaire, rien ne se fait vraiment au détriment du goût.

Une exception ?

19 mars 2009

AUTHENTIQUE RE-CRÉATION

Les États-Unis sont un pays jeune. Whoa, Scoop ! Cependant, du fait de la jeunesse de leur histoire ils ont des référents culturels différents des européens, spécifiquement en ce qui concerne la référence à l’ancien, au passé. Il n’y a pas toujours de différence de perception entre l’authentique et la copie de l’authentique. Un style décoratif ancien parfaitement recomposé n’aura pas nécessairement une valeur perçue plus importante que l’original.

La semaine dernière, j'ai diné chez Freemans à New York.

Bizarrement, après une petite semaine passée dans la ville, c'est en entrant dans ce restaurant que je me suis rappelée de tout cela.
Il se trouve au bout d'une ruelle, comme perdu, sorte d'îlot rustique inattendu. Plutôt réputé pour ses carnés, les murs sont ornés de trophées de chasse, dans un mélange authentico-chic plutôt de bon goût.


(merci de faire abstraction du couple enlacé sur la photo, j'ai oublié d'en prendre une par moi-même...)


C'est au fur & à mesure de la soirée que l'endroit se révèle dans tous ses détails, et que d'un coup, l'évidence apparait. Dans ce décor de bois, rien n'est laissé au hasard et le lieu évoque soudainement une sorte de 'Pain Quotidien', ce fast food bio français qui excelle dans la re-création de la réalité. Pas une branche, un pot, une serviette n'est disposée là par hasard, c'est un peu comme se trouver dans la maison de campagne d'un magazine de déco.


Même les barmen entrent parfaitement dans le décor. Sorte de bucherons nouvelle génération, qui semblent revenir à peine d'être allé couper du bois. Mais attention, si la chemise est à carreaux et le jean sale, aucune négligence pour autant : caricatures de cette génération de mecs, empreints d'une virilité marquée par les années métrosexuel, au poil visible mais étudié. Quand les magazines décryptent le retour des barbiers, on sait à qui ça profite.

Manque de pot, malgré tout ce côté aseptisé, ça fonctionne, et même plutôt bien. Quand on maitrise l'art de la mise en scène, c'est tout de suite autre chose. Pour un soir, ça valait largement le coup de laisser de côté le véritable authentique.

5 mars 2009

MERCI

Bonpoint, c'est une de ces marques qui me donnent envie d'avoir des enfants à qui offrir des vêtements.
Alors, lorsque la famille qui l'a crée et qui peut donner des leçons de mise en scène à tous ses concurrents parle de lancer un concept-store d'un nouveau genre, j'étais obligée d'y aller.


L'invitation donnait déjà à rêver, mais ça paraissait trop beau pour être vrai.


Loupé. C'est aussi incroyable que ça en avait l'air.



Un espace gigantesque de 1500 m2, dans un esprit bobo-bio-design industriel, avec entre autres, un café comme une carte postale de Brooklyn, un fleuriste qui ne vend que des fleurs aux couleurs vintage, des meubles à tomber par terre
.

Visite guidée en images avant l'ouverture officielle prévue demain.

LA MERCERIE & LE LABORATOIRE ANNICK GOUTAL
LA BIBLIOTHÈQUE DE LIVRES ANCIENS & LE CAFÉ
L'ESPACE ENFANT & LES TISSUS
LE MUR LONGEANT LES ESPACES PRET-A-PORTER & DESIGN
REINTERPRETATION DE 'MERCI'

Un concept-store version 'charity shop' : des produits issus de dons, des bénéfices partiellement reversés et des implications éco-responsables. MERCI est l'un des exemples les plus visibles - et les plus réussis - de commerces destinés à cette nouvelle génération de consommateurs, qui bien qu'elle souhaite se responsabiliser et s'impliquer socialement, ne le fera pas au détriment de son style de vie. Élevée dans la société de consommation, les acquis sont trop ancrés pour opérer un virage radical mais lorsque de nouveaux systèmes de distribution ou des marques se développent leur permettant de concilier envie & responsabilité, alors ils y adhèrent.

Du durable très désirable, merci.


4 mars 2009

DON'T LOOK BACK IN ANGER 

Y'a un truc qui ne manque jamais quand on va voir un groupe mythique en concert, c'est la question qu'on se pose en arrivant, 'est-ce qu'il va se passer quelque chose qui fera que CE show là sera exceptionnel ?'.
Ce soir, Oasis jouait à Bercy.

Ma critique musicale sera mince, je ne commenterai ni les riffs de guitare ni la présence du chanteur, je préfère laisser ceux qui maitrisent mieux le sujet que moi le faire. Mais, pour résumer, un concert en demi-teinte, qui alimentera les questions de bien des forums de discussions - jouaient-ils en play back ou non?

De l'eau a coulé sous les ponts depuis la fièvre Oasis. Un public de trentenaires qui a amené avec lui les petits frères qui ont construit leur oreille musicale par procuration. Mais aucun surplus de l'armée n'aura été pris d'assaut par des fans pour trouver la parka de leur idole - mes respects à Liam Gallagher pour assurer 2 heures de show sans la retirer - et on ne remarquera pas plus de quelques jeunes hommes arborant la coupe du chanteur. James Mollison n'aurait pas pris une photo.

James Mollison - The Disciples

On n'achètera pas de mauvais tee-shirt du merch' juste pour dire 'j'y étais' mais les tubes mythiques valaient à eux seuls le déplacement.

Don't look back in anger. Un concert bon comme un souvenir.