24 septembre 2009

LES FILLES AIMERONT LES GARÇONS QUI FONT DE LA TROTTINETTE.

Le fixed gear, j'avais souvent eu envie d'en parler. Et puis, trop tard. Je ne comptais de toutes façons pas disserter sur le sport, mes connaissances en la matière se résumant à ce qu'à peu près tout le monde sait, soit les 4 principes : vélo de piste - rétropédallage - coursiers new yorkais et polo, that's it. Ce qui m'intéressait, c'était à la fois son pouvoir fédérateur mais aussi son engouement soudain, son idée de sport à la mode.




Comme pour le skate-board et toutes les déclinaisons de sports de glisse, ce sont leurs racines subversives qui attirent d'abord ceux qui les pratiquent. Issus du détournement, du bricolage, on emprunte les codes d'un sport, les équipements d'un autre, on change les supports et on mélange les règles. Un patchwork d'idées et de lois, ces activités ne donnent pas l'impression d'avoir été rédigées par des fédérations ampoulées, elles évoluent. Et ceux qui les pratiquent participent quelque part à en éditer les premières règles, posent les premières idées, les bases sur lesquels ces sports se construiront.

A toute époque, on a eu nos sports cools. Je me rappelle quand sortir avec un surfeur constituait une fin en soit.  A Londres, il y a deux ans, c'était la même chose avec le fixed gear, les filles un peu plus jeunes que moi n'envisageaient pas de sortir avec un mec qui n'aurait pas fait de vélo... Parce que, qui dit sport cool dit, garçon qui pratiquent + filles qui font semblant de pratiquer pour intéresser les garçons en achetant tout l'équipement mais qui n'en font jamais. Désolée, loin de moi l'idée de considérer les filles comme des greluches-groupies, mais en toute bonne foi, je vais avoir du mal à dire que les filles et les garcons sont égaux face aux sports à la mode....


La génération suivante a aussi ses codes. La semaine dernière j'étais à une brocante en banlieue, et il y avait un vieux skate park dans un coin - mes histoires de surfeurs à 15 ans + le récit de mon week-end, ce post prend une tournure beaucoup trop 'hier-j'ai-mangé-du-chocolat-c'était-sympa' à mon goût, mais tant pis... Il était pris d'assaut par des enfants de 10 ans, tous sur une trotinette. Pour moi, la trottinette restait l'objet ultime qui avait eu son petit sursaut d'intérêt il y a quelques années et qui était désormais l'accessoire des banquiers ennuyeux mais-regarde-je-suis-fun-je-fais-de-la-trotinette. Apparemment, j'étais à côté de la plaque.



Pour cette nouvelle génération, la trotinette semblait être le skate de la mienne. Esprit de groupes, rassemblement, skate parks entre potes (toujours pas de filles sur les rampes, navrée), rien n'avait changé.  Figures différentes mais même esprit. A la manière d'une profane, j'ai été demandé à un des garçons si ce sport portait un nom : trottinette. Basiquement.
Ce sport n'est sûrement pas nouveau mais combien de temps ceux avant lui ont mis pour émerger ? Au-delà de la presse spécialisée, personne n'en a parlé, pas d'articles, pas de photos... Alors que les magazines décryptent seulement l'engouement pour le vélo, des petits garçons dans les rues sont déjà passés à autre chose et érigent les bases d'un autre sport.

J'ai fait une petite enquête sur youtube (excellent outil d'études statistiques)
la vidéo de skate la plus vue : 13.604.267 vues
la vidéo de fixed la plus vue : 830.806 vues
la vidéo de razor scooter (l'autre nom de trottinette) la plus vue : 87.210 vues

Dix fois moins que le vélo, dont le grand public commence à parler. Wait and See.