23 mars 2009

CUPCAKE VS MACARON

Il y a quelques petites années, tout le monde voulait des macarons. Ils étaient gentils, jolis et très bons, et on aurait même envisagé d'acheter le livre de Ladurée.
Après un film sur la Reine-mangeuse-de-pâtisserie, des réinterprétations multiples pour les cosmétiques et des séries 'Regardez comment vous pouvez décliner le macaron en culotte, savon ou objet de décoration' dans les magazines, on ne veut plus en voir et presque plus en manger (alors qu'ils sont toujours aussi bon).

Si les phénomènes de mode s'appliquent fréquemment à l'alimentaire, rares sont les produits qui ont connu un succès aussi fulgurant et intensif.

Depuis quelques mois et bien après ses voisins, un petit produit pâtissier s'est installé en France: le cupcake. Lui aussi, il est très gentil, joli et bon. Pour l'instant moins visible, le cupcake pourra t'il faire aussi fort que le macaron ?

LÉGITIMITÉ MODE
En 2004, Vogue US titre un de ses articles sur Pierre Hermé 'The France's Crown Prince of Macaron'. Comme avec une veste, Anna Wintour influence les filles : le macaron devient le nouveau must-have.
En 2000, Carrie Bradshaw (pas la dernière en terme d'influence de mode) grignote quelques cupcakes Magnolia dans Sex and The City. Tout le monde s'extasie 'c'est trop mignon'.

Magnolia Bakery (photo extraite de creationcoeuretpassion.blogspot.com)

LOOK
Le macaron a influencé la mode vestimentaire en matière de gammes de couleurs & vice-versa. On ne compte plus les collections 'Boudoir' en lingerie et les déclinaisons multiples autour du thème Marie-Antoinette-Ladurée. En plein revival 90's, le cupcake avec son look 'Générique de Sauvés par le Gong' bourré de colorants, est définitivement dans l'air du temps.

Magnolia Bakery - New York (Mars 2009)

RARETÉ
Le marketing de la rareté est une des recettes de la mode. Si le macaron a toujours été largement diffusé, ce sont ses déclinaisons aux parfums inhabituels (rose en tête avec l'Ispahan de Pierre Hermé) qui ont attisé son succès. Avec quelques enseignes à peine qui le distribuent, le cupcake doit le sien en partie à son exclusivité. C'est un peu de New York qu'on consomme par lui, à classer avec les bagels et le café-nomade.
A la dernière soirée Nike, les cupcake clandestins s'échangeaient sous le manteau.

DECLINAISONS
Pas de vrai succès sans de multiple réinterprétations. On a goûté aux macarons sur tous les supports, le cupcake emprunte le même chemin, dejà décliné en série limitées (celles de Judith Leiber vendue 4500 $), en accessoires (le sac de Katy Perry aux MTV Europe Music Awards, colliers Emma-Jane & Tan...)...

Sac (Katy Perry)

CONCLUSION
Alors que le cupcake a explosé aux Etats-Unis il y a plusieurs années et que le New York Times consacre au sujet de nombreux articles, la France accuse un retard considérable. Est-il du, encore une fois, à la difficulté de la France en matière de mode et de gastronomie a accepté que la nouveauté puisse venir de l'extérieur ?


Candy Cake - Londres (Juillet 2008)

Peu importe, il semble tout désigné pour s'imposer comme une pâtisserie-produit de mode. Les étapes suivantes seront alors : démocratisation dans les restaurants, reprise par la grande distribution, réinterprétation pour la publicité...

A moins que....De l'avis général, le goût du 'fairy cake', aussi mignon soit-il, n'a rien d'exceptionnel. Et si dans la mode vestimentaire toutes les tendances ont pu s'imposer sans toujours considérer le confort ou la qualité, dans l'alimentaire, rien ne se fait vraiment au détriment du goût.

Une exception ?

19 mars 2009

AUTHENTIQUE RE-CRÉATION

Les États-Unis sont un pays jeune. Whoa, Scoop ! Cependant, du fait de la jeunesse de leur histoire ils ont des référents culturels différents des européens, spécifiquement en ce qui concerne la référence à l’ancien, au passé. Il n’y a pas toujours de différence de perception entre l’authentique et la copie de l’authentique. Un style décoratif ancien parfaitement recomposé n’aura pas nécessairement une valeur perçue plus importante que l’original.

La semaine dernière, j'ai diné chez Freemans à New York.

Bizarrement, après une petite semaine passée dans la ville, c'est en entrant dans ce restaurant que je me suis rappelée de tout cela.
Il se trouve au bout d'une ruelle, comme perdu, sorte d'îlot rustique inattendu. Plutôt réputé pour ses carnés, les murs sont ornés de trophées de chasse, dans un mélange authentico-chic plutôt de bon goût.


(merci de faire abstraction du couple enlacé sur la photo, j'ai oublié d'en prendre une par moi-même...)


C'est au fur & à mesure de la soirée que l'endroit se révèle dans tous ses détails, et que d'un coup, l'évidence apparait. Dans ce décor de bois, rien n'est laissé au hasard et le lieu évoque soudainement une sorte de 'Pain Quotidien', ce fast food bio français qui excelle dans la re-création de la réalité. Pas une branche, un pot, une serviette n'est disposée là par hasard, c'est un peu comme se trouver dans la maison de campagne d'un magazine de déco.


Même les barmen entrent parfaitement dans le décor. Sorte de bucherons nouvelle génération, qui semblent revenir à peine d'être allé couper du bois. Mais attention, si la chemise est à carreaux et le jean sale, aucune négligence pour autant : caricatures de cette génération de mecs, empreints d'une virilité marquée par les années métrosexuel, au poil visible mais étudié. Quand les magazines décryptent le retour des barbiers, on sait à qui ça profite.

Manque de pot, malgré tout ce côté aseptisé, ça fonctionne, et même plutôt bien. Quand on maitrise l'art de la mise en scène, c'est tout de suite autre chose. Pour un soir, ça valait largement le coup de laisser de côté le véritable authentique.

5 mars 2009

MERCI

Bonpoint, c'est une de ces marques qui me donnent envie d'avoir des enfants à qui offrir des vêtements.
Alors, lorsque la famille qui l'a crée et qui peut donner des leçons de mise en scène à tous ses concurrents parle de lancer un concept-store d'un nouveau genre, j'étais obligée d'y aller.


L'invitation donnait déjà à rêver, mais ça paraissait trop beau pour être vrai.


Loupé. C'est aussi incroyable que ça en avait l'air.



Un espace gigantesque de 1500 m2, dans un esprit bobo-bio-design industriel, avec entre autres, un café comme une carte postale de Brooklyn, un fleuriste qui ne vend que des fleurs aux couleurs vintage, des meubles à tomber par terre
.

Visite guidée en images avant l'ouverture officielle prévue demain.

LA MERCERIE & LE LABORATOIRE ANNICK GOUTAL
LA BIBLIOTHÈQUE DE LIVRES ANCIENS & LE CAFÉ
L'ESPACE ENFANT & LES TISSUS
LE MUR LONGEANT LES ESPACES PRET-A-PORTER & DESIGN
REINTERPRETATION DE 'MERCI'

Un concept-store version 'charity shop' : des produits issus de dons, des bénéfices partiellement reversés et des implications éco-responsables. MERCI est l'un des exemples les plus visibles - et les plus réussis - de commerces destinés à cette nouvelle génération de consommateurs, qui bien qu'elle souhaite se responsabiliser et s'impliquer socialement, ne le fera pas au détriment de son style de vie. Élevée dans la société de consommation, les acquis sont trop ancrés pour opérer un virage radical mais lorsque de nouveaux systèmes de distribution ou des marques se développent leur permettant de concilier envie & responsabilité, alors ils y adhèrent.

Du durable très désirable, merci.


4 mars 2009

DON'T LOOK BACK IN ANGER 

Y'a un truc qui ne manque jamais quand on va voir un groupe mythique en concert, c'est la question qu'on se pose en arrivant, 'est-ce qu'il va se passer quelque chose qui fera que CE show là sera exceptionnel ?'.
Ce soir, Oasis jouait à Bercy.

Ma critique musicale sera mince, je ne commenterai ni les riffs de guitare ni la présence du chanteur, je préfère laisser ceux qui maitrisent mieux le sujet que moi le faire. Mais, pour résumer, un concert en demi-teinte, qui alimentera les questions de bien des forums de discussions - jouaient-ils en play back ou non?

De l'eau a coulé sous les ponts depuis la fièvre Oasis. Un public de trentenaires qui a amené avec lui les petits frères qui ont construit leur oreille musicale par procuration. Mais aucun surplus de l'armée n'aura été pris d'assaut par des fans pour trouver la parka de leur idole - mes respects à Liam Gallagher pour assurer 2 heures de show sans la retirer - et on ne remarquera pas plus de quelques jeunes hommes arborant la coupe du chanteur. James Mollison n'aurait pas pris une photo.

James Mollison - The Disciples

On n'achètera pas de mauvais tee-shirt du merch' juste pour dire 'j'y étais' mais les tubes mythiques valaient à eux seuls le déplacement.

Don't look back in anger. Un concert bon comme un souvenir.

1 mars 2009

ANDROGYNIE 

Se déplaçant en suivant les Fashion Weeks, c'est cette semaine que sort en France la ligne Capsule d'Yves Saint Laurent baptisée 'Unisex'. Après The Kooples et Etam avec sa ligne Wo(man), - Y'a pas comme une erreur dans l'énoncé là ?- la maison réinterprète sa collection Homme Printemps-Eté 2009, en l'adaptant aux formes des femmes.
Vers une androgynie sans déguisement, où l'on ne singe pas les codes de la masculinité.

Une question demeure pourtant : Pourquoi la maison qui a construit une partie de son histoire sur l'utilisation pour la femme du vestiaire masculin lance une ligne Capsule - avec l'idée d'éphémère et événementiel que cela implique - qui reprend très précisément cette idée ?